Eros et autres plaisirs
Je continue la découverte de Pierre Louÿs, cet auteur fabuleux par la modernité de son ton.
Je lis actuellement l'un de ses romans "Trois filles de leur mère". Je vous en reparlerai.
Voici, dans un autre registre, un de ses poèmes.
Les soeurs incestueuses
Les mêmes cheveux bruns emmêlés et la même
Bouche, et les mêmes yeux châtains. Ce sont deux soeurs.
Au fond des longs draps glacés, leurs ventres suceurs
Se cherchent, et les baisers chuchotent : Je t'aime.
Les mains suivent les flancs marqués par le corset,
Creusent les reins, se crispent aux fesses, reviennent
Aux épaules, dont les danseuses se souviennent,
Puis aux seins qu'un busc obscène et cruel corsait.
Le regard fureteur le long du corps s'occupe
A connaître la peau honteuse que la jupe
Cache le jour, comme un ciboire sous le lin,
Et ces deux corps, issus d'un même corps de mère,
S'unissent avec un enlacement câlin,
Par leurs sexes brûlants, frangés d'écume amère.