Eros et autres plaisirs
Je te salue, Ô merveillette fente,
Qui vivement entre ces flancs reluis ;
Je te salue, Ô bienheureux pertuis,
Qui rend ma vie heureusement contente !
C'est toi qui fais que plus ne me tourmente
L'archer volant qui causait mes ennuis ;
T'ayant tenu seulement quatre nuits
Je sens sa force en moi déjà plus lente.
Ô petit trou, trou mignard, trou velu,
D'un poil folet mollement crespelu,
Qui à ton gré domptes les plus rebelles :
Tous vers galans devraient, pour t'honorer,
A beaux genoux te venir adorer,
Tenant au poing leurs flambantes chandelles !
Ronsard - 1552
Tendre et féroce
Tendre et féroce alternativement,
Miss Léona, la maîtresse créole,
Comble tantôt son esclave espagnole
De tendres soins, tantôt cruellement
La fait fouetter pour la moindre parole.
Puis, dans ses bras la pressant tendrement,
Par de doux mots l'apaise, la console,
Baise sa lèvre et mord son cul fumant,
Tendre et féroce.
Parfois, tandis que tombe souple et molle,
Zébrant le cul, l'impitoyable gaule,
Miss Léona, dans le même moment,
Mord le bouton qui pleure en sa geôle,
Mélant ainsi le plaisir au tourment,
Tendre et féroce.
Anonyme Bouche dont la douceur m'enchante doucement
Par la douce faveur d'un honnête sourire,
Bouche qui soupirant un amoureux martyre
Apaisez la douleur de mon cruel tourment !
Bouche, de tous mes maux le seul allégement,
Bouche qui respirez un gracieux zéphyr(e) :
Qui les plus éloquents surpassez à bien dire
A l'heure qu'il vous plaît de parler doctement ;
Bouche pleine de lys, de perles et de roses,
Bouche qui retenez toutes grâces encloses,
Bouche qui recelez tant de petits amours,
Par vos perfections, ô bouche sans pareille,
Je me perds de douceur, de crainte et de merveille
Dans vos ris, vos soupirs et vos sages discours.
Catherine des Roches 1587
Les amants
Poitrine contre poitrine
Comme deux canards mandarins amoureux
Qui s’ébattent dans l’eau,
Tête contre tête
Comme un couple tendre de phénix
Qui construit avec zèle son nid de brindilles,
Elle presse ses lèvres vermeilles sur la joue de l’amant,
Il tient entre ses mains vigoureuses la tête penchée de l’amante
Dont les jambes gainées de soie cherchent appui sur les épaules de l’ami
En dévoilant ainsi les deux arcs d’une faucille de nouvelle lune.
Les agrafes d’or se défont sur sa tête
Et sa chevelure s’épand sur les coussins
Comme un nuage sombre.
Il profère des serments profonds comme la mer,
Puissants comme les montagnes
Et ses caresses mille fois variées
Dispersent les dernières craintes
Comme le vent disperse les nuages.
Assaillie de tendresse impétueuse
Elle pousse un cri de bonheur
Sa bouche s’emplit de suave salive
Et, luxurieuse, elle darde sa langue sous le plaisir.
Dans chaque artère, dans chaque veine
De son corps souple et élancé
Elle sent rouler lourdement
Un sombre flot de volupté.
Mais le souffle de ses lèvres vermeilles
Halète et va s’affaiblissant,
Sur ses yeux descend la nuit.
Sa peau se mouille de perles fines,
Scintillantes.
Sa gorge lisse palpite
Comme les vagues de la mer.
Ah les voilà consommées
Toutes les délices de l’amour volé :
Deux amants ont parfait leur étreinte.
Siao-Siao Cheng 1593
Baise m'encor, rebaise-moi et baise
Baise m'encor, rebaise-moi et baise
Baise m'encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m'en un de tes plus savoureux,
Donne m'en un de tes plus amoureux :
Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.
Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereux.
Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie :
Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moi ne fais quelque saillie.
Louise Labbée 1566
Je n'ai pu m'empêcher de passer par chez vous, Divin Marquis, quelques heures avant mon départ, qu'ai-je bien fais, car vous nous comblez grâce à ces différents auteurs de très beaux et croustillants poèmes.
Sensuellement vôtre,
Une Femme