Lundi 25 juin
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La chasteté, nouvelle révolution sexuelle ?
"Faites l'amour comme au cinéma", "Cunni, mon ami", "le Pénis superstar". Les magazines frappent de plus en plus fort pour attirer les lecteurs. Alors que nos sens sont sans arrêt sollicités, des jeunes choisissent de rester chastes avant leur mariage. Des fanatiques, des frustrés ou une nouvelle façon d'afficher sa "rebellitude" ?
Une fois de plus le phénomène vient des Etats-Unis. L'"Adolescent Family Life Act" promulgué sous l'ère Reagan marque le premier pas de la politique de promotion de l'abstinence avant le mariage à laquelle ont adhéré tous les présidents, républicains et démocrates.
Avec l'arrivée de Georges Bush Junior à la Maison Blanche l'effort pourrait se monter à 135 millions de dollars par an. Les établissements scolaires, universitaires et associations soutenant des programmes d'abstinence reçoivent des subventions conséquentes. Les adolescents sont invités à se regrouper dans des associations du type "Not me. Not now", "True love waits" et "Friends first" pour respecter ensemble leur engagement. A ce jour 2,5 millions de jeunes auraient accepté de passer ce contrat moral.
Devenir maître de son "appétit sexuel"
Les partisans de l'abstinence avant le mariage insistent sur la nécessité d'apprendre à maîtriser ses pulsions pour construire sa personnalité et respecter l'autre. Pour eux, la sexualité ne doit pas se résumer à un divertissement dont il suffirait de connaître les techniques. Dans "L'art d'aimer", le psychiatre américain Erich Fromm ne dit pas autre chose : "Parce que la plupart des gens associent en esprit le désir sexuel et l'idée de l'amour, ils en arrivent facilement à la conclusion erronée qu'ils sont mutuellement amoureux lorsqu'ils se désirent physiquement" (…), or "le désir sexuel peut être stimulé par l'angoisse de la solitude, par l'espoir de conquérir ou d'être conquis, par la vanité, par le souhait de blesser et même de détruire". Préserver sa virginité avant le mariage réserve aux partenaires la découverte commune de l'autre et la construction d'une sexualité épanouie.
Un combat perdu d'avance ?
Les mouvements féministes affirment au contraire que l'abstinence est "une garantie de misère sexuelle" pour les individus qui seront sans expérience devant leur partenaire. Les critiques portent en outre sur la dévalorisation des adolescents, les programmes prônant l'abstinence les confinant dans une position d'irresponsabilité supposée. Au début du XXème siècle, le psychanalyste Freud assure quant à lui qu'il s'agit d'un vain exercice, car "l'expérience montre que la plupart des gens qui composent notre société ne sont pas bâtis pour le devoir d'abstinence. (…) le combat contre la sensualité consume l'énergie du caractère disponible et ce juste au moment où le jeune homme a besoin de toutes ses forces pour se conquérir une part et une place dans la société".
Une sexualité inquiétante
Défendant la position américaine lors du sommet des enfants de l'ONU, le secrétaire d'Etat à la Santé Tommy Thompson déclarait en mai 2002 que "l'abstinence est la seule façon d'éviter les maladies sexuellement transmissibles, les grossesses précoces, et les difficultés sociales et personnelles liées à une activité sexuelle n'entrant pas dans le cadre du mariage". Jerrold Barnett de la Northwest Missouri State University notait en 2001, dans son étude critique* du programme Choosing the Best, que les méthodes contraceptives n'étaient pas présentées, que l'utilisation du préservatif était assimilée à "jouer à la roulette russe" et que les informations scientifiques divulguées étaient parcellaires. A vouloir présenter l'abstinence comme unique moyen d'envisager sa sexualité, ses promoteurs ne risquent-ils de tronquer le regard que porteront les adolescents à l'heure de leur première relation ? "Certains de mes patients font librement ce choix, mais pour d'autres, c'est une façon de masquer des difficultés sexuelles" explique le Dr Hélène Jacquemin, gynécologue et sexologue. "Ceci dit, à force de répéter sur tous les tons que l'on doit avoir une sexualité épanouie, il n'est pas impossible que cela éveille chez certains une forme de rejet. De la même façon que les anorexiques refusent de se nourrir, certains s'abstiendront d'avoir une activité sexuelle".
Je ressent une grande tristesse pour eux car, connaître un seul partenaire dans nos jeux amoureux, quel gachis... n'est-il pas divin Marquis.
Sensuellement vôtre.