Profitez des vacances de Noël pour découvrir des nouveaux jeux... Mais comment aborder le sujet quand celui-ci est un peu délicat ??? Les pratiques dites "uro", par exemple.
Hélène, spécialiste, nous tend quelques perches...
L'uro, comment en parler à l'autre ?
« j’aime bien l’uro, je fantasme dessus, mais je ne sais pas comment en parler à ma petite amie ‘ou à mon petit ami, etc…) »
On me pose souvent la question. Le problème doit être réel.
Croyez, bien mes bons amis, que s'il y avait une réponse miracle je vous la donnerais ! Il n’y en a donc pas. Mais on peut malgré tout faire avancer les choses, et parfois les faire avancer considérablement...
L’état des lieux :
Il faut donc répondre à la question suivante : Quel est l’opinion « des gens » sur les pratiques uro ?
Faute de statistiques ou même de sondage fiable, on est obligé d’extrapoler… Ce n’est pas grave, j’adore cela !
On va donc avoir un champ d’opinions différentes, ces différences vont porter sur :
- l’avis sur la chose elle-même (ce que je pense de l’uro)
- le degré d’adhésion à cet avis (je suis sûr, je ne suis pas vraiment sûr…)
Comme tout champ, ce champ d’opinion a ses limites de conviction :
- La limite basse : elle sera constituée par les irréductibles, ceux qui ne sont sensibles à aucun arguments, les éternels indécrottables de tout poil, ceux qui ont une opinion inébranlable sur n’importe quel sujet et qui n’en démordront jamais. Si votre conjoint (e) est de cette catégorie, je vous plains… et pas seulement pour les problèmes liés à l’uro…
- La limite haute : Ce sont les pratiquants.
Les gens à "convaincre" sont donc entre ces deux limites, Ça fait du monde !…
Et avant d’aller plus loin une précision d’importance : L’uro n’est pas une idée, c’est une pratique. Il n’y a personne à convertir ! Il y a par contre des gens à convaincre de passer à l’acte. Et avant de convaincre, on va voir qu’il convient de remettre quelques pendules à l’heure. Mais retenez ce principe il est essentiel :
On ne convertit pas, on cherche à convaincre !
On croit qu’entre deux opinions extrêmes (extrêmes, pas extrémistes !) Il y a une longue ligne droite sur laquelle vont figurer toutes les opinions intermédiaires, des plus rapprochées aux moins rapprochées.
Ben non, ce n’est pas comme cela que ça se passe !
Entre les deux bords se trouve non pas une ligne mais des sphères ! Des sphères d’opinion !
Des drôles de sphères d’ailleurs aux comportements bizarres :
On peut en matière d’opinion sur l’uro dégager quatre grandes sphères :
- La sphère béotienne : « on ne savait pas que ça se pratiquait »
- La sphère hygiénique : « c’est sale »
- La sphère de l’ordre : « c’est anormal »
- La sphère pratique : « je ne vois pas l’intérêt »
Je n’ai pas parlé de ceux qui s’en foutent comme de leur premier kleenex, ceux-là nous seulement ils ne sont pas dans une sphère, mais ils sont hors champ. Mais il faut bien que l’on envisage aussi leur cas.
Et voilà tout le monde est sur le papier ! On continue !
Oui, mais avant, il faut encore (j’en suis désolé) compliquer encore la chose (rassurez-vous quand on en sera à l'argumentaire ça va devenir plus simple !)
1ère complication : Nos sphères ne sont pas homogènes : Prenons comme exemple la sphère hygiénique (qui est la plus facile à traiter)
Tout le monde ne crie pas en chœur : "c’est sale" ! Non ! ça va aller de :
- "C’est sale, point final et il sera difficile de me faire changer d’avis" (on est très près du bord du champ)
- "Je crois que c’est sale" / "On m’a dit que c’était sale" / "Ce doit être sale"
mais aussi :
- "Si ce n’était pas sale je le ferais bien !"
- "Je fantasme dessus mais je n’ose pas le dire parce que c’est sale !"
- "Si j’étais sûr que ce ne soit pas sale !"
Intéressant, non ? parce qu’on voit déjà quels sont les arguments et les actions à mener…
2ème complication : Nos sphères ne sont pas autonomes mais s’inter-pénètrent les unes les autres !
Quelqu'un peut par exemple dire à la fois que c’est sale, que c’est déviant et que ça ne sert à rien….
Evidement plus la personne sera dans plusieurs sphères, plus la tâche sera difficile !
Donc quatre sphères plus des gens à l’extérieur :
Traitons tout cela :
La première sphère est celle des béotiens : il est facile de faire sortir quelqu’un de là-dedans, puisqu’il suffit de lui expliquer que ça existe. Sauf cas exceptionnels ça ne va pas le transformer en pisseur militant, les choses ne sont pas si rapides, non, notre sujet va simplement rejoindre une autre sphère ou se mettre hors champ. Tout dépend alors de la façon dont il va recevoir l’explication. Nous y reviendrons !
La deuxième sphère, l’hygiénique se nourrit d’une idée fausse « l’uro est sale » la sortie de sphère se fera donc en argumentant le contraire. En principe une majorité d’individu ne persiste pas dans l’erreur quand la démonstration est inattaquable (même s’ils ne nous le disent pas tout de suite)
Idem pour la sphère pour de l’ordre : (mais c’est plus difficile, l’hygiène ne relève pas du domaine des idées, mais de celui de l’observation, l’ordre est par contre quelque chose de très subjectif
La sphère pratique : il est très difficile de convaincre quelqu’un qui vous sort à tous bouts de champ des « ça ne m’intéresse pas, ça ne me plait pas ou pire, je n’en vois pas l’intérêt ! » Car on argumente souvent dans le vide, votre interlocuteur n’attendant qu’une seule chose c’est que vous changiez de conversation. Nous verrons qu’on peut néanmoins s’en sortir.
Les hors champs : Dire "je n’en vois pas l’intérêt" et dire "je m'en fous" n'a pas la même signification. Le premier ne refusera pas la discussion même si ça le gonfle, le second la refusera. Le premier à une position de principe, le second à une position de fermeture d’esprit, voire de paresse intellectuelle. Le premier est capable de vous dire « j’ai essayé et ça ne m’apporte rien », le second vous dira plutôt « ce n’est pas mon problème » Je n’ai pas de solution pour les gens de cette catégorie.
On va donc les laisser tranquilles et revenir sur les autres avec un argumentaire.
Enfin, direz-vous !
Je m’excuse pour cette longue introduction plus ou moins sociologique, mais j’estime que dans ce domaine il vaut mieux savoir ou l’on met les pieds, la suite n’en sera que plus efficace.
Sortie de la première sphère « on ne savait pas que ça se pratiquait »
N’allez pas trop vite, vous ne ferez pas tout à la fois ! Mais l’information doit être orientée dans le bon sens, exemple :
« J'ai vu un truc sur Internet, un truc dingue, des gens qui se pissaient dessus (ça c’est l’information) mais le plus dingue c’est qu’ils avaient l’air s’amuser comme des petits fous et d’être super bien dans leurs peaux (là on présente la chose sous un jour favorable) des gens comme toi et moi, qui avait l’air tout à fait normal (là on banalise). Il est inutile d’aller plus loin ! Le changement de sphère peut être immédiat, et le partenaire vous sortir tout de suite « moi, je trouve ça dégueulasse », répondez juste un truc pour minimiser « dégueulasse c’est peut-être un grand mot » et laisser tomber, votre partenaire va digérer consciemment ou pas l’information, vous n’êtes pas à une semaine prés !
Sortie de la sphère hygiénique : « c’est sale »
Là je vous conseille la méthode hyper classique de la revue de salle d’attente : Vous ne rapportez pas une lecture, ça ne marque pas assez l’esprit, vous racontez une anecdote en vous appuyant sur une soi disant lecture !
Exemple
- Je me suis engueulé avec Ginette à la cantine ! tu sais ce qu’elle ma sortie :
- Elle m'a dit : je n’en veux pas de ton couteau, tu t’es même pas lavé les mains après avoir été pissé !
- Ben elle a raison !
- Mais non, voyons ! l’urine est complètement stérile, il n’y a aucun microbe dedans (vous pouvez continuer à argumenter, on vous écoutera, on écoute toujours ce qui est inattendu)
- Tu ne m’avais jamais parlé de ça !
- Ben c’est vrai qu’on a pas souvent l’occasion de parler pipi et puis, il n’y pas si longtemps que je le sais (la carte de la franchise, ça marche à tous les coups, mais là vous introduisez un doute, vous le savez comment ?)
- Et tu as appris ça où ?
- Chez le coiffeur, (ou chez le dentiste, le docteur…)dans je ne sais quelle revue et tiens, ils disaient aussi (encore une couche d’arguments…)
Et hop ! Le partenaire n’est pas sorti de la sphère mais il est prêt à en sortir.. Encore une fois une question de jours. (Remarquez, malheureusement la sortie de sphère ne s’effectuera pas si la notion de sale chez votre interlocuteur est irraisonnée (essayez un peu de faire évoluer quelqu’un qui vous dira que les araignées, ou les crapauds, ou les souris.. c’est sale… la tâche est presque impossible)
Sortie de la sphère d’ordre :
Plus difficile parce que l’ordre n’est pas une donnée objective, sachez cependant qu’il y a dans cette position un souci plus ou moins affirmé de conformisme volontaire. On ne veut pas être différent de tout le monde, et on ne veut pas que le partenaire nous entraîne dans une différence quelconque
Quels arguments employer ? :
- N’hésitez pas à utiliser des arguments d’ordre sanitaires (la stérilité de l’urine, les bains de bouches jusqu’au 18e siècle, les Japonais qui en boivent pour soigner la tyroïde, les animaux qui s’en servent comme antiseptique… et enfoncez le clou en affirmant qu’on ne risque pas d’attraper de MST en jouant à l’uro
En effet les partisans de l’ordre et du conformisme sont extrêmement sensibles à tout argument allant dans le sens d’un renforcement de la santé publique.
- Expliquez que vous séparez nettement les activités uro des activités scatos (ce n’était pas forcément nécessaire dans la sphère précédente, ici ça l’est, le partenaire peut très bien porter son jugement sur un domaine pour lui global qui sera le pipi caca. Il faut absolument qu’il admette que c’est 2 choses déférentes !
L’argument culturel :
- expliquez que l’uro se retrouve dans le récit et dans le dessin érotique depuis que ceux-ci existe, donc depuis l’antiquité et dans presque toutes les cultures ‘citer l’anecdote amusante des anciens grecs qui savaient que l’absorption d’asperges donnait un goût abominable à l’urine)
L’argument du bien dans sa peau
- expliquez que vous avez vu des photos, une vidéo, des images Internet, que sais-je encore et que vous avez été surpris par le comportement des acteurs :
- ce sont des gens comme tout le monde (argument très fort dans cette sphère)
- ils ont l’air de bien s’amuser (argument fort, le déviant étant pensé comme un tristounet)
Ne revenez pas à la charge, n’insistez pas, il ne faut surtout pas paraître lourd, il ne faut pas que le partenaire sente que ça devient obsessionnel. De toute façon, il va « assimiler » ce que vous lui avez dit, ce n’est pas forcement pour cela qu’il sortira de la sphère
Sortie de sphère pratique :
Ici pas d’argumentaire ! Essayez d’argumenter auprès d’une personne qui vous dit non seulement qu’elle n’aime pas le chou-fleur mais qui est capable en plus de vous dire qu’elle y a goûté (même si c’est pas vrai) Par contre on peut rentrer dans son jeu (qui est de se chercher une bonne raison de le faire, introuvable selon lui) en entrant dans la période de sollicitation mais de façon un peu différente.
Après l’argumentation, la sollicitation
Présentez votre désir comme une expérience amusante que cous voulez réaliser, une tocade : suivant les réactions que vous avez notées à la phase précédente vous pourrez y aller plus ou moins progressivement :
Si le partenaire n'émettait que des arguments de type hygiéniques ou d'ordre, et que ceux ci sont tombés, la chose ne sera pas trop difficile, par exemple :
- J'aimerais bien te regarder pisser !
puis
- tu sais, une idée farfelue, j'aimerais bien que tu me pisse dessus, juste une fois
où dans le même ordre d'idée, allez déranger le partenaire pendant qu'il prend son bain
- T'es mignonne comme ça dans l'eau pleine de mousse, tu veux que je t'arrose ?
Ne vous inquiétez pas pour la 3ème phase, l'absorption, elle viendra toute seule...
Par contre si votre partenaire est de ceux qui se réfugient constamment derrière les "je ne vois pas l'intérêt" (sphère pratique), ça va être plus difficile, et il conviendra de personnaliser au maximum la sollicitation : A quelqu'un qui vous dit "Il n'y a pas de raison, il faut lui donner une raison, et cette raison, c'est vous !
- Tu peux le faire pour moi, ça ne va pas te tuer !
- Ca ne t'enlève rien, et moi ça me fait plaisir
- Faire l'amour c'est aussi accepter les fantaisies de l'autre !
S'il se réfugie dans une autre sphère (employez les arguments qu'il faut)
- Enfin j’ai un fantasme qui n’est pas sale, qu’un tas de monde pratique et tu ne veux pas me le faire, l’érotisme c’est comme la bouffe c’est un partage…
La sollicitation peut aussi se faire dans des conditions un peu spéciales, nous ne retiendrons deux : la négociation et le scénario :
La négociation : votre partenaire vous a forcément demandé un jour un truc qui vous barbait et que vous avez évacué, genre une virée au restaurant en bateau mouche ou une soirée au théâtre ou voir les récital de je ne sais quel chanteur qui vous énerve : Proposer le deal, "si tu accepte, je t'emmène à ce truc qui te tiens tellement à cœur... " Il n'y a rien d'immoral là dedans, la vie du couple c'est aussi un échange.
Le scénario : Certains couples fonctionnent dans leurs ébats érotiques avec de petits scénarios 'la soubrette, la secrétaire, le livreur de pizzas, et... ce qui est beaucoup moins avoué... la prostitué ! dans ce cadre là il peut être intéressant de tenter un :
- Combien tu prends pour me pisser dessus ?
Un autre scénario est la domination (domination douce, j'entends, je n'ai rien contre les martinets, mais c'est hors sujet !) Les choses parfois s'obtiennent de façon beaucoup plus facile par ordre que par demande amiable !
L’après :
En discuter très brièvement (ne pas paraître lourd, on ne le répèteras jamais assez)
Mais lancer juste, "on recommencera une autre fois, on va pas faire ça à chaque fois... (ça n’engage strictement à rien)
Un dernier conseil
Chaque cas est particulier. Je me suis contenté de vous donner quelques pistes... souvenez-vous quand même que nous sommes dans un domaine très particulier, celui de la sexualité et qu'en la matière, les gens sont rarement sincères et hésitent à se dévoiler complètement y compris à leur partenaire. Si ce dernier vous paraît buté, ne vous découragez pas. Revenez à la charge quelques jours après. Sauf dans certains cas limites, on arrive toujours à faire avancer les choses.
Résumons-nous :
1 ) aborder : amener l'uro dans la conversation vous permettra de connaître les réactions de l'autre et de savoir dans quelle sphère de refus il se situe !
2 ) démythifier : l'uro n'est pas sale
3 ) délimiter : l'uro n'est pas la scato
4 ) banaliser : ça se fait, et les gens qui le font ont l'air normaux, bien dans leur peau etc...
5 ) minimiser (on ne le répétera jamais assez, ne présentez pas cela comme un désir obsessionnel, mais plutôt comme une tocade qu'il vous amuse de réaliser
mmmm, j'adore MAIS,
il faut bien délimiter c'est sur, banaliser, je ne sais pas, ça se fait, suivant l'envie, a des moments pas forcéments choisis, nous ne trouvons pas sale du tout, mais on ne fait pas ça tous les jours non plus, c'est quand l'une de nous deux en a envie, et qu'elle sent que l'autre est réceptive.
c'est sur, un peu de honte d'en parler, se fair pisser dessus, boire l'autre, c'est pas neutre, mais l'impression de recevoir, de se donner sans limite est si forte, si jouissive, je ne sais pas commen le traduire en si peu de lignes, il me faudrait une page entière.
Ma Céline et moi, nous y sommes venues par hasard, et nous pratiquons avec plaisir, de temps en temps, enfin ça sors tout seul quoi.