Art difficile que la poésie érotique...Etre doux sans être mièvre, être grivois sans être vulgaire... Sans que des rimes peu heureuses viennent casser l'ambiance suave qui doit s'installer....
Voici quelques mots rimés qui me paraissent de bon aloi. Queleurs auteurs en soient remerciés et félicités.
CHANGEMENT DE PEAU
Je suis hypnotisé par la peau de ses cuisses
Qui monte lentement, apaisée, blanche et lisse
Et qui soudain s'incurve et s'exalte et frémit
Et se change en d'obscurs et puissants maléfices
En bouquets ténébreux d'ardents feux d'artifices
Et vibre brusquement comme un nid de fourmis.
L'IMPASSE
Gloire à ce sentier clair , cette grand'voie royale,
Cette route pentue pour fêtes compitales,
Ce tunel ténébreux, glissant, étroit et long
Cette allée sans issue, cette ineffable passe,
Ce profond chemin creux, cette éternelle impasse
Dont nul n'a jamais pu sortir qu'à reculons.
LIMITES
Souvent, seule et en vain, je cherche sans repos
La limite indistincte et trouble de ma peau;
Je me perds, je m'égare et je me fuis sans cesse
Dans l'espace à l'entour de moi, vague et abstrait
Et ne me perçois plus qu'a l'intérieur feutré
Du monde merveilleux et pur de ses caresses.
DIFFÉRENCES
Ce que j'aime le plus, chez nos voisins, les hommes,
C'est d'être différents de ce que nous, nous sommes,
C'est de sembler très rude et d'être, en fait, très doux,
C'est d'être rectiligne où nous avons des bosses
C'est d'être mince et ferme où l'on est lâche et grosse
Et c'est d'avoir de dur ce que nous avons mou.
DIALOGUE
Le premier :
Ma femme (j'ai trop bu!) a bien changé, je crains
Qu'elle ne m'aime plus, me trompe, et c'est un drame
Que je vis... J'ai trop bu... J'ai noyé mon chagrin…
Le second :
-A ta place j'aurai plutôt noyé la femme.
MAIN À MAIN
L’œuvre du Créateur se devine derrière
L’ineffable splendeur de ses charmes soyeux
Et ma main qui caresse encolure et crinière
À travers ses beautés, frôle la main de Dieu
BOUCHES
On ne doit pas parler avec la bouche pleine
C'est grossier, impoli, si les enfants l'apprennent
Dès leurs plus jeunes ans, c'est que ce n'est pas beau.
Mon amie néanmoins, a tourné le problème
Quand sa bouche inférieure est pleine, alors elle aime
A tue-tête crier par sa bouche du haut.
TRAVAUX MÉNAGERS
Les travaux ménagers m'épuisent, me salissent
Me font porter des gants pour garder mes mains lisses
Mais quand ils sont finis me reste le meilleur
Le monsieur généreux qui chaque soir épanche
Pour mon plus grand bonheur cette tornade blanche
Qui lave et fait briller mon petit intérieur.
INTERROGATION
Quel peut être le sens profond
De ce long attribut qui darde ?
Hé! Qui sait! n'est-ce pas, au fond
Qu'un pied de nez de la Camarde !
ARCHÉO-GYNIE
Depuis qu'enfin j'ai vu, sous vos fins et doux linges,
La frontière mythique, il m'est venu l'idée
Que si l'homme descend prétendument du singe
La femme, sans nul doute, est née de l'orchidée.
LES VEUVES
S'adaptant de leur mieux, seulement pour survivre,
Je connais mainte veuve hautaine et digne qui,
Nostalgiques des fortes liqueurs qui enivrent
Se saoulent tous les soirs au gin et au whisky.
L'ENDROIT ENVIÉ
Il me plaît de penser que certains de mes vers
Écrits avec un cœur quelque peu de travers
Et transmis en tremblant à des beautés cruelles,
Aient fini mieux que moi -triste et seul plus d'un soir-
Jalousement cachés au fond d'obscurs tiroirs
Entre les fines soies de dessous de dentelles.
SEINS-SOLEILS
Les globes de ses seins sont comme deux soleils,
L'un sert pour le coucher, l'autre pour le réveil,
Quand s'avance le droit, le gauche se recule,
Ils ont le goût du vent, la fureur de l'éclair
Et savent réunir, à la fois sombre et clair
Le rose de l'aurore et l'or du crépuscule.
LE NOUVEAU JASON
Argonaute naïf, Jason sans expérience
Mais, chercheur obstiné, grand amateur de science,
Navigateur furtif errant de port en port,
Endeuillé, douloureux, couvert de cent blessures,
Je n'ai jamais trouvé que des toisons obscures
Mais les ai vénérées comme des toisons d'or.
LE SHAH
Fasse le ciel qu'un jour ...un poète ... donne ...
à cette vraie merveille un joli nom chrétien.
Georges Brassens.(Le blason)
Certains l'appellent "Chas" et d'autres "Chat" ou
"Chatte"
Moi, si j'ai choisi "Shah", c'est au sens autocrate
De Cacique, de Tzar, de Pharaon, de Cheik,
De Tyran absolu qui juge et qui gouverne,
De Seigneur devant qui le peuple se prosterne,
D'Empereur de la Perse et de Roi des échecs.
L'ASSIETTE ET LE DÉCOLLETÉ
Mon père, homme de cœur, anti-héros notoire
Me contait quelquefois d'amusantes histoires.
La veille d'un mariage où j'étais invité,
Il me dit: "Interdit, même avec tes cousines,
De lorgner dans l'assiette emplie de tes voisines,
Mais tu peux regarder dans leur décolleté.
LE RETOUR DU NOCTAMBULE
Quand je rentre très tard, la nuit, je prends bien garde
De ne faire aucun bruit. Ainsi, je me hasarde
Dans le noir, évitant table, chaise et fauteuil
Sur la pointe des pieds, à tâtons et sans hâte
Redoutant le réveil de sa petite chatte
Qui, je le sais m'attend, et ne dort que d'un oeil.
APPARENCE ET RÉALITÉ
La vraie réalité se joue de l'apparence
L'Homme et la Femme sont en pleine incohérence
Toujours trompant autrui et se trompant toujours,
Tels qu'on voit discourir tendrement, se déchirent,
Et tels autres, qu'on croit aux limites du pire,
Qui effraient les enfants et les chiens, font l'amour.
LE DON TOTAL
Les femmes donnent tout. Elles donnent la vie,
L'amour et le bonheur, leur vertu, leurs dessous,
Leur beauté, leur gaité, leurs charmes, leurs envies,
Et ne nous prennent rien, sauf notre âme et nos sous.
JOYAU VOILÉ
Cypris, qui n'aime pas la couleur violette
Du quintuple rubis de son joyau final
Essaie de le cacher au mieux, tant bien que mal
Sous l'épais réseau noir d'une chaste voilette
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